“Icones Gays. Les paradoxes du genre”

Anthony Mathé - Sémiologue - Semiolab - Publication - Icône gay
Anthony Mathé - Sémiologue - Semiolab - Publication - Icône gay
 

Article scientifique paru dans la revue Communication & Langages 

« Icones Gays. Les paradoxes du genre »

Résumé de l’article :

Dans le cadre d’une approche sémiotique de l’« icône gay », je propose un parcours d’analyses expérimentales qui investissent successivement le mot, l’image et l’énonciation pour mettre au jour quelques-unes des caractéristiques genrées de l’icône gay.

Après avoir porté un regard sur les usages linguistiques et médiatiques de la désignation « icône gay » en langue, dans la presse et sur le Web, je propose d’étudier non seulement la corporalité du rugbyman Gareth Thomas et la valeur de l’iconographie homosexuelle dans les calendriers des « Dieux du stade » pour comprendre la reconstruction spécifique de la figure du masculin, mais également, le statut et le rôle de la féminité paradoxale générée par Lady Gaga.

 

En guise d’extrait, pour savoir si vous avez envie de télécharger l’article, voici l’introduction de l’article et la présentation de la recherche :

Dans le cadre d’une réflexion sur les phénomènes médiatiques et les constructions genrées, nous nous intéressons aux « êtres culturels » emblématiques et aux engouements passionnels qu’ils suscitent. À ce titre, le motif de « l’icône gay » a motivé cette enquête sémiotique sur l’impact symbolique, la force de séduction et le pouvoir de représentation de certaines personnalités médiatiques qui jouent sur le genre en exacerbant la dualité masculin-féminin, soit par la négation de l’un des termes, soit par leur confusion. En l’occurrence, la chanteuse américaine Lady Gaga a retenu notre attention car elle est l’incarnation la plus manifeste aujourd’hui de « l’icône gay » dans les médias et plus encore sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter) où elle ne cesse d’assumer en outre un rôle de défendeur et de porte-parole d’une communauté de « monstres », faisant référence notamment – mais pas uniquement – aux minorités LGBT. Comme nous le verrons, en construisant une relation paradoxale au masculin-féminin, Lady Gaga semble jouer sur le genre au point de vouloir le transcender.

En intégrant la notion de genre à notre approche sémiotique, nous souhaitons participer à une réflexion en Sciences de l’information et de la communication qui se situe au carrefour des études de genre et des études culturelles. Le genre, en effet, se définit comme « un système de bicatégorisation hiérarchisé entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin)5 » et c’est précisément pour cette raison conceptuelle qu’il nous est nécessaire ici pour étudier les rapports au masculin et au féminin propres à « l’icône gay » et proposer une lecture communicationnelle de l’engouement sociomédiatique pour Lady Gaga. Sans être un spécialiste du genre et sans rompre bien évidemment avec notre compétence de sémioticien, nous proposons d’apporter une interrogation nouvelle sur le procès symbolique en jeu avec les « icônes gays » et tentons d’expliciter certaines spécificités fondamentales proprement sémiotiques qui ne peuvent toutefois être saisies que par le prisme du genre.

Si Lady Gaga nous intéresse tout particulièrement pour la relation spécifique au masculin et au féminin comme pour son investissement politico-public, notre investigation consiste en un parcours qui a appréhendé plusieurs corpus distincts en rapport avec notre objet d’étude, « l’icône gay ». Outre un corpus d’articles de presse (presse papier et presse en ligne), il nous a paru nécessaire d’étudier des icônes gays masculines en parallèle des icônes gays féminines à partir de plusieurs corpus. D’un point de vue épistémologique et donc méthodologique, l’un ne va pas sans l’autre. Le féminin et le masculin en effet sont le produit d’un rapport social en synchronie. Comme l’enseignait Saussure, le sens naît de la différence, en d’autres termes, de la relation, et donc pour nous, de la comparaison. C’est pourquoi, suite à une phase exploratoire où nous avons appréhendé les perceptions des publics en sollicitant leurs points de vue via les réseaux sociaux, nous nous sommes intéressés au célèbre rugbyman Gallois Gareth Thomas et à son intronisation médiatique en tant qu’icône gay après son coming-out en 2009. Cette étude nous a alors conduits à analyser la place du corps et de l’iconographie gay du calendrier des « Dieux du stade ».

Concrètement, nous proposons ainsi un parcours d’analyses sémiotiques articulé en trois temps complémentaires qui investissent successivement le mot, l’image et l’énonciation pour mettre au jour quelques-unes des caractéristiques genrées de l’icône gay : 1. tout d’abord, pour cadrer l’enquête, nous portons un regard sur les usages linguistiques et médiatiques de la désignation « icône gay » d’abord en langue, puis dans la presse et sur le Web ; 2. ensuite, nous questionnons la corporalité de Gareth Thomas et la valeur de l’iconographie homosexuelle dans les calendriers des « Dieux du stade » pour comprendre comment la figure du masculin est re-construite comme hyper-masculinité, loin de toute féminisation ; 3. enfin, nous proposons une analyse sémiotique de l’univers de Lady Gaga pour comprendre le statut et le rôle de cette féminité paradoxale, qui semble fonctionner comme un au-delà du genre, syncrétisme étonnant du masculin et du féminin.

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